Ma vie n'était qu'un champs de ruine, dans mon esprit je n'avais plus rien à perdre et encore moins à donner. Mon paquet de cigarettes en main, mes clés dans l'autre, vétue d'un jean et d'un tee-shirt oversize, mes runners détrempés aux pieds, je déambulais sous la neige d'un mois de février, sans rien d'autre en tête que de me foutre en l'air.

La vie n'était devenue qu'amertume.

Ce que je mangeais, ce que je buvais, ce que je ressentais, ce que je voyais, l'aigreur de mon âme transpirait tellement que mes larmes avaient rendu le monde amer. Aveuglée, sourde, entêtée dans mon mal-être, je ne supportais plus personne, et moi, encore moins. Je n'avais nulle part où aller, je n'avais plus personne sur qui compter, mon univers s'était effondré sous mes pieds. Ainsi le néant m'engloutissait sans plus d'espoir de revoir un jour la lumière.

Si seulement c'était la première fois, si seulement la vie n'avait pas été une chienne avec moi, si seulement...

Il n'y avait pas de solutions à mes problèmes. Et si je me retirais de l'équation, après tout, que cela changerait-il si je partais sans jamais me retourner, si jamais je disparaissais, si jamais je mourrais? Personne ne me regretterait, personne ne me jugerait, personne ne m'emmerderait. Et si la seule vie qui ne comptait pas était tout simplement la mienne? Et mes démons susurraient doucereusement à mes oreilles: "Rien à foutre de vous, rien à cirer d'eux, rien à carrer de tout ce merdier, je vous emmerde."

Assise sur un banc, en pleine nuit, je ne voyais même plus les étoiles,  je ne voyais que mes chaussures décolorées, et je fumais. Je ressassais les derniers évènements, mon cerveau tournait en boucle...toujours est-il que je n'attendais plus rien de quiconque, plus rien du tout. Un homme s'approcha pour me demander du feu. On échangea des banalités barbantes. Et il me demanda ce que je faisais à une heure si prononcée de la nuit dehors vétue de la sorte. Je ne savais pas quoi répondre.

Prenais-je l'air? Fuguais-je? Pleurais-je?

Je ne savais plus. Il me recommanda de rentrer chez moi, de ne pas trainer dans un parc ou je pourrais tout aussi avoir affaire à un détraqué, de retourner auprès des miens qui même si je ne le vois m'attendaient. De colère, je lui répondis que je n'avais plus personne. À cela, son visage s'adoucit, il me dît: "Vous ne me reconnaissez pas? Il y a quelques mois, vous et votre petite famille m'avez offert un repas alors que je n'avais ni toit, ni argent, que je pensais mourir sur le trottoir, alors je sais très bien que vous êtes bien entourée. S'il vous plaît, rentrez chez vous."

Ces mots percutèrent mon esprit. Je ne pouvais pas me mentir, je ne sais pourquoi mais je ne pouvais pas occulter ses paroles.

Je suis rentrée, et je n'en ai rien dit.

 

Même si j'ai recroisé cet homme à plusieurs reprises, on ne s'est plus adressé la parole. Je devais sûrement me sentir merdeuse tout ce temps. J'ai réfléchi longuement à ce moment dans ce parc, j'ai réfléchi à mes actes, à ma façon de voir les choses, j'aurai aimé atteindre cette conclusion de moi-même. Parfois il ne suffit d'un rien pour changer les choses, parfois un simple repas de fast-food peut changer le cours de la vie.

 

 

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Ce que je porte/ What I am wearing:

 

 

 

 

 

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