Si tu tends l’oreille

Au beau milieu de cette étendue d'un blanc éclatant, d'un blanc aveuglant, au beau milieu de cet endroit isolé et tant désolant, elle déambule. Ici bas, il n'y a pas âme qui vive, pas de gazouillis, les arbres ont perdus leur imposant feuillage, et l'air ne porte plus d'odeurs fleuries. Le manteau blanc scintillant, s'affaissant sous chacun de ses pas, ici, le froid a tout pouvoir, il absorbe chaque son, chaque créature reste figée dans le temps. Même le bruit de ses pas se fait de plus en plus sourd au fur et à mesure qu'elle avance. Au détour d'une cascade gelée, près d'un arbre dénudé, elle se pose. Le nez en l'air, son regard fixe ce ciel qui jusqu'il y a peu n'était fait que de noir et de blanc, devient petit à petit teinté d'un pâle bleu et d'un tout aussi pâle jaune. Une main sur sa poitrine, son cœur au ralenti, elle admire les étoiles de neige, certaines se posent sur elle mais fondent aussitôt qu'elles entrent au contact de sa peau. Il n'y a pas de vent, pas d'insectes grouillants, ni même de rampants, seule la neige danse gracieusement. Elle est la seule nymphe présente. Ses yeux ébahis, sa bouche entrouverte, dans une longue expiration, son cœur s’accélère, elle le sent battre jusque dans ses tempes, elle tend l'oreille et entre dans un monde que jusqu'alors elle ne percevait pas.