Petites Histoires à ne pas dormir de la nuit :
– Vanessa –
Ce soir, c’est soirée entre amis, on rigole, on se taquine, on fume, on boit. Le temps passe vite, si vite que j’en oublie qu’il n’y a plus de métro à cette heure-ci. Tout naturellement je pense à Vanessa. Elle habite non loin d’ici, elle doit sûrement être encore seule. Je me saisis de mon téléphone et lui passe un coup de fil pour lui proposer de m’héberger cette nuit. Je vais certainement chambouler son univers encore une fois, mais elle en semble tellement ravie. Elle accepte à une condition : lui ramener de quoi finir la nuit. Je prends mes affaires, taxe des cigarettes et un peu d’herbe à mon hôte, salue tout ce beau monde et quitte la fête d’un pas décidé. Je me dirige vers une épicerie de nuit et prends quelques petites choses pour agrémenter mon « after ».
Arrivée en bas de son immeuble, je lui lance un appel. Il serait embêtant de réveiller le voisinage en sonnant à l’interphone. Je recule et jette un œil en direction de sa fenêtre. Je la vois pointer le bout de son nez ; toute fière, je lui montre mes emplettes en me dandinant, d’un air rieur elle me jette les clés, je les attrape au vol et me dirige vers la porte. Je prends les escaliers, deux étages, après tout, ce n’est pas la mort. La porte est entrouverte. J’entre, la referme derrière moi, enlève et pends mon manteau, puis pose les clés sur la table ainsi que les gourmandises achetées quelques minutes auparavant.
Elle prépare deux verres, prend la bouteille de rhum, le jus d’ananas. Je l’aide en prenant les autres ingrédients, car je la connais bien, ce soir, c’est piña colada ! On emmène tout ça au salon, et dépose le tout sur sa grande table basse. J’ai même pensé à prendre des bonbons pour lui faire plaisir, après tout il faut bien ça pour me faire pardonner mon intrusion. Telle une petite princesse capricieuse, elle s’assoit et m’invite d’un geste à la servir. Amusée, je m’exécute. J’ouvre aussi le sachet de tagada et mets le paquet à disposition, et en profite pour en prendre une en bouche pendant que je me sers un verre. Nous trinquons.
Je me déleste de mes escarpins, elle m’encourage à lui en montrer plus, j’improvise alors un semblant de strip-tease burlesque, elle rit, j’aime ce rire franc et cristallin. Je retire ma chemise, la lui passe autour du cou, puis lui fais non de la tête et la jette derrière elle. Tout en dansant, je défais un à un les boutons de mon jean, j’éclate de rire, sûrement à cause du piètre show que je lui offre, ou serait-ce le degré d’alcool déjà présent dans mes veines. Allez savoir. Je fais tomber mon jean aux chevilles, et tant bien que mal essaie de m’en dépêtrer. Elle étouffe ses rires de ses doigts fins. Je prends une gorgée dans mon verre et lui lance mon pantalon à la figure. Elle me crie dessus, se lève et me dit que finalement j’ai bien fait de passer.
Enfin à l’aise, je m’assois à même le sol, elle me rejoint. J’attrape mon sac à main et j’en ressors des sucettes, le paquet de blondes, le sachet d’herbe et les feuilles à rouler. Je commence à rouler un joint tout en papotant, racontant ma soirée, je la fais rire avec mes bêtises, mes anecdotes de fille délurée. Elle, de nature fragile, telle une poupée de porcelaine de collection, sous-verre, éloignée de tout, mais au regard pétillant, vivant ma vie à travers mes yeux. Elle est craquante, innocente.
Elle se lève, allume un bâtonnet d’encens, prends des coussins et me les jette, quitte la pièce et reviens avec une couverture, me l’envoie. Je la dépose sur le parquet, puis mets les coussins dessus. Je me saisis du briquet et mets le feu à ce joint maintenant prêt à être consumer. J’en tire une bouffée puis le lui passe. Je m’installe sur le sol. Elle allume la petite lampe, éteins les autres. Elle me rejoint et s’allonge près de moi. L’odeur chaude d’orange et de cannelle embaume la pièce, c’est entêtant. Je me tourne vers elle, et prends une bouffée de ses doigts. J’aime son odeur sucré, un doux mélange vanillé. Lui prends le joint des doigts et me rallonge.
On continue notre discussion banale, quiconque l’écouterait la trouverait sans grand intérêt, mais on s’en moque. On dit des bêtises de jeunes femmes, on en rigole, on parle d’hommes, de nos déboires, de nos envies, de nos fantasmes. Elle me frôle pour attraper les cigarettes, en allumer une. Le contact de sa peau m’électrise. Je n’imaginais sa peau si douce. J’en viens même à vouloir qu’elle me touche de nouveau. Je rapproche nos verres, lui tend le sien et bois dans le mien tout en ne la quittant des yeux. J’admire sa silhouette dans la pénombre, sa peau fine et délicate, ses courbes voluptueuses feraient chavirer tant d’hommes ! Me ferait-elle tourner la tête ?
Côte à côte, je suis proche d’elle, je suis envahie par tout un tas de pensées. Même si j’essaie de garder mon calme, mon cerveau ne peut s’empêcher de s’emballer. Je lui tends des fraises, elle vient en prendre une directement dans ma main, j’imagine des choses. Je la laisse la manger, le contact de ses douces lèvres me surprend, mais lui en donne une autre du bout des doigts. Elle se tourne vers moi, me regarde, ses jolis yeux noisettes me sondent. Saurait-elle ce qui se trame dans ma tête ? Je détourne les miens et fais mine de vouloir reprendre une gorgée. Elle me touche le poignet, j’ai le vague sentiment qu’elle me retient, le saisit, comme pour la rassurer je lui caresse la main du bout des doigts.
Ils ne s’arrêtent pas là, ils sont curieux et gourmands de ce toucher velouté, ils remontent le long de son bras, zigzaguant jusqu’à son épaule. La tête en arrière, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, elle aiguise mes sens. Comme pour rechercher une goutte de courage, je m’abreuve une fois encore, avant de venir lui caresser le visage du bout des ongles. Ses longs cheveux dessinant un soleil au sol, elle irradie de beauté, je la contemple, je la désire. Je me penche sur elle, approchant ma bouche de la sienne, caresse ses lèvres des miennes, y déposant mon souffle chaud, je sens sa bouche se presser contre la mienne, me volant ainsi un baiser que je désirai tant lui offrir.
Mes paumes pressent délicatement tes joues, je t’embrasse tendrement, d’abord effleurant de ma langue tes délicieuses lèvres charnues, puis l’introduisant doucement allant taquiner la tienne. Mes mains s’engouffrent dans ta chevelure, mes pouces redessinent le contour de tes oreilles, faisant rouler doucement tes lobes entre mes pinces, je mordille tes lèvres gorgées de désir. Je les tiens, elles sont comme miennes. D’une pression de mes doigts tu t’abandonnes un peu plus à mes caresses buccales, me laissant un peu plus de terrain à explorer, à goûter. Je me délecte de ta peau, chaque millimètre est un délice pour la gourmande que je suis.
Je prends plaisir à jouer, t’embrassant à travers ton petit haut satiné, prenant du recul et te laissant t’en défaire. C’est dommage, il t’allait si bien. Mais le spectacle de ton buste dénudé n’a pas de prix. Ta généreuse poitrine ainsi libérée, laisse apparaître deux jolis bouts de chair érigés, auréolés de rose un brin empourprés. Je me rapproche, hume ta peau, me laisse encore plus enivrer de tes charmes. Le contact de tes mains dans mon dos, malgré moi, me fait sourire, sourire de plaisir, sourire de satisfaction, te sentant détacher mon soutien-gorge, sourire de surprise. De mes index je fais glisser mes bretelles le long de mes bras, les saisit de mes doigts et me délivre de cette dentelle noire. Toujours en main, je te caresse avec, tes pieds, tes chevilles, le long de tes jambes, m’attardant sur l’intérieur de tes cuisses charnues. Je te chevauche.
Je me délecte de ce spectacle, ton corps à demi-nu m’appelle, je réfreine le mien qui hurle de désir, je me penche sur toi, laissant ma longue chevelure glisser sur ton visage, tes soupirs m’interpellent. Je leur fais visiter ta chair si délicate, si appétissante. Voguant ainsi jusqu’à ton entre-jambe, je me saisis de ton short, le fais rouler lentement sur tes cuisses, te le retire. Te voilà offerte à ma lubricité. Je me mords la lèvre, humecte mes lèvres, te souris. Je te caresse le ventre descendant vers ton triangle interdit. J’y dépose mon souffle puis un léger baiser, je t’entends glousser. Je suis nerveuse, si nerveuse que j’en étouffe un rire, si nerveuse que je me demande si je devrai aller plus loin.
Et si je n’arrivai à te combler ? Et si je m’y prenais mal ? Qu’adviendrait-il de notre amitié après cela ? Serai-je capable de te faire face sans rougir ? M’aimeras-tu malgré notre aventure nocturne ? Perdue, mon cerveau ne peut s’empêcher d’être en ébullition, en une fraction de seconde tous mes doutes, tu les as chassé, en un seul geste, tu as répondu à tout mon questionnement, en me saisissant la tête, j’ai compris. Je remonte vers ton visage et t’embrasse passionnément. Tu m’enlaces, nos mains s’aventurent sur nos deux corps lovés. Nos bouches avides l’une de l’autre, nos êtres embrasés. Oui ce soir, je serai ta partenaire … Que dis-je ? Ton amante ! Ne serait-ce que pour ce soir je t’aimerai comme jamais je ne l’ai eu fait jusqu’alors.