Lors de mes périodes d’introspection, tout ce qui m'entoure prend de la couleur, des couleurs vives, chatoyantes, elles m'illuminent le regard, je me prend à rêvasser, j'observe les mouvements, j'observe les passants, j'écoute les bruits environnants...je filtre les sons, et finalement d'un brouhaha, d'une cacophonie assourdissante, je me retrouve à ne plus qu'avoir en tête le chant des oiseaux ou le bruissement des feuilles.
Les fins rayons de lumière dessine des formes plus ou moins abstraites, se meuvent et se déforment au fur et à mesure que le temps s'écoule. Dans tout ce paysage coloré, les gens ne sont que de silhouettes difformes, des ombres, des tâches de peinture à peine reconnaissables. Ils ne scintillent pas, je ne les entends pas, ils ne font que bouger, ils ne font que passer.
À mes yeux, seule moi, n'est faite que de noir et de blanc.
Parfois j'en viens à penser que la petite fille qui m'habite est toujours aussi blessée, qu'elle a eu beau s'être forgée une carapace, que le temps lui a donné les forces pour pouvoir surpasser certaines choses, elle se retrouve toujours coincée...Plus j'avance et plus je me rends compte que certains spectres de mon passé me hanteront toujours.
Peut-être bien que je suis toujours toute aussi pathétique que je le pensais?
Alors que je me noie dans un brouhaha obsédant, alors que je sombre dans les dédales de mes pensées toxiques, plus je coule, plus je me sens légère. La froideur des propos, ma carapace devenue cage, les heurts, les peines, la douleur de ne plus pouvoir respirer, l'instinct de survie m'ordonnant de refaire surface...tout cela n'est rien comparé à la chaleur de cette eau perlant et dévalant mes joues.
L'eau m'étouffant, l'eau me réconfortant...
Plus elle se déverse sur mon visage, et plus je reprends conscience, plus elle s'échappe de moi et plus je vois clair, pour finalement m'apercevoir, que moi aussi, je suis tout autant colorée que ce paysage que je prenais plaisir à redessiner dans ma tête.
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