Défaillante

Un jour, je me suis éveillée, raccordée à des tonnes de tuyaux, harcelée par des bips incessants quasi-obsédants, éveillée par la douleur, par les pleurs ; cette soirée là, je me suis haïe pour la première fois de ma vie. Jusque là, mon ego de petite princesse n'avait jamais souffert. De toutes façons, si quelque chose se passait mal, c'était sûrement la faute de quelqu'un d'autre. Comment aurais-je pu ne serait-ce qu'un instant envisagé être fautive ? Être imparfaite ?

Je porte plus ou moins fièrement les cicatrices de ce jour décisif de ma vie. C'était terminé, je n'étais plus une machine. Je n'étais plus ce monstre d'égoïsme, cruel, ambitieux et égocentrique, à l'apparence de fillette faussement parfaite. Devant les larmes de la personne la plus précieuse à mes yeux, l'aberration que je représentais s'effondra. Ma carapace à laquelle j'eus consacré tout mon temps, en quelques secondes, éclata.

Malgré moi, malgré mes efforts pour sauver les apparences, je me suis sentie être la créature des plus misérables au monde. J'avais honte de moi, de ce que je n'avais accompli, de mes objectifs futiles, de mes plans paramétrés au millimètre près, de ma façon détestable d'agir. Non la fin ne justifie pas les moyens ! Si l'on doit sacrifier quelqu'un, alors pourquoi ne pas commencer par soi-même ? Les bonnes actions ne doivent pas être faites pour la popularité, pour aller au paradis, ou par simple auto-satisfaction, mais juste avec le cœur sans rien attendre en retour.

Oui, j'ai détesté mon reflet dans le miroir ! Non seulement mon apparence, mais aussi ce que je voyais de moi. J'ai fait une croix sur ma quête de perfection, j'ai enfermé à double tour le monstre, j'ai balancé mes plans par la fenêtre et ouvert mon cœur. Cela fait mal d'être humain ! J’hésite, je marche à tâtons, parfois même à reculons, je fais des erreurs, je suis maladroite dans mes rapports humains, je me mets en colère, je ris. En deux mots : JE VIS !

 

 

 

 

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