Loss

Loss

Haïssons-nous

Parfois il y a des événements que l'on ne peut contrôler, des situations qui nous échappent, des amis que l'on ne peut aider, des amours que l'on ne peut entretenir, des causes perdues d'avance.

Je déteste ça, à un point qui frise l'inimaginable.

Me sentir démunie, me sentir inutile, me torturer constamment, me demandant si seulement je pouvais agir. Si seulement je pouvais être ce dernier rempart auquel on pourrait se raccrocher. Si seulement j'avais pu être celle qui aurait pu panser tes plaies, compenser tes déchirures, combler ton vide. Plus j'y pense et plus je me hais. Plus j'y pense et plus je me mets à croire à la fatalité. Plus je me questionne, et plus les regrets s'entassent sans jamais trouver de réponses. Plus j'y pense, et finalement, plus je te ressemble.

Vilain ! Tu me fais me haïr !

Et si j'avais été différente ? Si je n'avais été cette alien venue de nulle part, peut-être aurais-tu cru en moi ? Peut-être te serais-tu tourné vers moi au lieu de sombrer dans les limbes ? Peut-être aurais-tu partagé ton lourd fardeau ? Peut-être m'aurais-tu entraîné avec toi au cœur de tes ténèbres ? Peut-être m'aurais-tu aimé ? Et si c'était justement parce que tu m'aimais, que tu ne voulais pas que je t'accompagne dans ton dernier voyage ?

Idiot !

N'est-ce pas cruel ? N'est-ce pas lâche ? Pourquoi m'as-tu tant fait te haïr, toi que j'eus tant admiré, que j'admire encore ? Pourquoi nous as-tu abandonné ?

POURQUOI ?

Lorsque je repense à toi, je te vois toujours arborant un large sourire aux lèvres. Je te revois passer le seuil de la porte de la cuisine en bondissant. Je me revois me lever et te sauter dans les bras. Je sens encore la chaleur de tes étreintes. Tu vois, même après quinze longues années, tu es toujours avec moi. Tu avais raison, je porte beaucoup mieux les cheveux longs.

Qui aurait cru qu'un jour je t'écrive ?

Je suis sûre que tu m'en veux de te laisser vivre en moi, d'écrire des bêtises, mais aussi, je suis certaine que tu en rirais. Comme lorsque nous étions enfants, où tu passais ton temps à me charrier. J'adorais ton rire cristallin. J'ignore si tu le sais, mais tu incarnais mon prince charmant. Toi, avec ton sourire éclatant, avec tes yeux d'un bleu aussi clair qu'un ciel d'été, toi débordant de bonté et d'attentions, toi à l'âme torturée, TOI, que malheureusement je n'ai pas pu sauver.

Alors que main dans la main, nous aurions pu nous haïr ensemble ; au lieu de se haïr chacun de notre côté, comme deux grands égoïstes.

 

 

 

 

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