Les quelques minutes …

Quiconque a déjà organisé une fête, a connu ce moment après avoir tout préparer en avance, se retrouve à souffler quelques minutes avant l'arrivée des invités. Ces quelques minutes, où l'on se perd, à avoir le regard dans le vide, et se laisser glisser dans la peau du personnage, de l'hôte.

On se demanderait presque si il n'aurait pas mieux valu tout annuler.

On se donne du courage, on se motive, et on trouve la force d'endosser un masque social que l'on trouve hideux. Les premiers invités toquent à la porte, on en bondirait presque de notre assise. Sur les quelques mètres nous séparant de l'entrée, on sautille, on feint l'excitation, on imprime une certaine euphorie à nos pas afin de se convaincre soi-même, sans le savoir, on s'auto-suggestionne.

Arrivé à la porte, on prend une profonde inspiration, on ferme les yeux, on se met à sourire...on est conditionné.

On parle de tout et n'importe quoi, on dit des bêtises, on se met à l'aise et surtout on évite les sujets qui pourrait plomber l'ambiance. La soirée avançant, les verres se vidant, les cendriers s'emplissant, les sujets s'étiolent, et finalement certains s'en retournent chez eux. On se retrouve sur le balcon, seul, le regard perdu au loin, on se demande si l'on a bien joué, si l'on a apporté notre dose de gaieté.

Si on a pu garder ce masque assez longtemps pour ne pas saccager le moral de tous.

Si finalement, ce moment passé avec pour seul compagnon le froid, ne nous ait pas le plus agréable. Le froid anesthésiant notre cervelle en surchauffe, le froid picotant nos extrémités, nous éveillant les sens là où l'alcool nous avait engourdi. Il n'y a plus de masque, plus personne, la solitude qui nous effrayait jusque-là, se retrouve des plus confortables.