Entre félins

Je me souviens du premier chat que j'ai eu. Je crois bien que je m'en souviendrai toujours.

À cette époque, je ne parlais pas beaucoup, je n'écrivais pas non plus, pourquoi donc exprimer quoique ce soit à qui que ce soit. Mis à part mon petit papa, je ne discutais avec personne d'autres. Un après-midi pluvieux, sous une dalle de béton, j'ai trouvé un petit chaton. Il était gris clair et tout tigré, et avait de grands yeux verts. En bonne enfant, je voulais le prendre avec moi, il me mordît, me griffa et s'en alla à toute vitesse.

Le lendemain, je revins au même endroit, mais cette fois-ci avec de la nourriture.

Je m'approchais toute tremblante, et d'un pas, pas très rassuré. Je m'asseyais en tailleur à même le sol, et j'attendais. Je savais qu'il devait être dans le coin. J'ai ouvert mon tupperware, le laissais à côté de moi, et me mise à lire. Absorbée par mon livre de Jules Verne, le temps s'écoulait et le petit chaton à mes côtés dévorait le contenu de la boîte. Une heure, puis deux, et je m'en retournais chez moi.

Ce petit rituel que je m'empressais de refaire tous les jours après l'école.

Je filais à toute vitesse chez moi, préparais consciencieusement le petit en-cas fait de restes, un livre ou bien mes devoirs en main, je repartais aussi vite que je n'étais arrivée. Le petit chat, petit à petit, devenait un compagnon de qualité, tous les jours ce moment nous était précieux. Si bien qu'il se mettait à me suivre partout, si bien que je voulais l'adopter.

Après tout, il était devenu plus précieux qu'un de mes camarades de classe.

Mon grand-père me dît qu'on ne pouvait apprivoiser cette chatte, qu'il nous serait difficile de lui offrir un foyer, puisque de foyers, elle n'en avait jamais eu, de maîtres encore moins. Il est vrai que c'était une petite créature féroce. Même notre berger allemand ne s'y frottait pas. Elle montrait les griffes et les crocs à quiconque s'approchait. Ce fut un vrai cauchemar de la mener chez le vétérinaire, pendant plusieurs semaines elle s'était même éloignée de moi pour avoir osé la mettre en cage. Mais tous les jours, même si elle me boudait, elle revenait vers moi pour le goûter.

Cette tigresse, aussi farouche et associable puissait-elle être, m'avait rejoint moi, qui n'étais guère mieux qu'elle.

 

Ce que je porte/ What I am wearing:

 

 

 

 

 

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