Par vent d'Autan

Le silence est oppressant, engourdissant, et pourtant il m'est essentiel.

Non seulement pour moi mais aussi pour tous les autres, et pour la musique notamment. Il est mon château fort, j'en connais les moindres recoins, et la plupart du temps je m'y sens bien. Je pourrai ne décrocher un mot durant des jours, oublier ma capacité de parler, juste me focaliser sur les sons environnants. Je ne pourrais compter le nombre d'heures où j'ai été bercée par le chant de la mer, où j'ai écouté les parades nuptiales des oiseaux, où le bruissement des feuillages me donnait envie d'être moi aussi caresser par une douce brise.

Quand on fait une recherche sur le silence, on trouve bon nombre d'articles sur les diverses manipulations l'utilisant, il s'y retrouve être une arme redoutable.

En musique, on compte les temps, et le silence y est une clé de voûte. On ne pourrait s'en passer pour pouvoir créer une symphonie. Certes aujourd'hui, nous avons quelques peu perdu la notion de composition, car avec une simple phrase musicale d'à peine quelques notes mise en boucle, les gens l'acclament tel un chef d’œuvre. Je plains mon vieil ami devenu si déprécié.

Il me permet de m'enfermer loin des autres, de rejoindre ma petite bulle si réconfortante. Les mots sont puissants, leur usage nous permet tant de choses. Peut-être est-ce pour cela que certains moines font vœu de silence ? Ainsi ils ne les galvaudent plus, ainsi ils se retrouvent plus proches de leur environnement, ainsi ils en arrivent à voir le monde plus simplement, sans plus aucuns artifices.

La parole nous rapproche les uns des autres, mais lorsqu'on vient à manquer de mots, lorsqu'on ne sait plus que dire, lorsqu'on sait pertinemment qu'aucuns mots ne peut soulager nos maux, qu'advient-il ?

Le silence devient embarrassant, il nous déchire, il nous rappelle notre impuissance. Dans ces moments-là, un autre langage se fait sentir, celui que notre âme appelle désespérément, le seul qui puisse calmer nos tourments : Le langage corporel. Plus besoin de parler, même dans un profond et cruel silence, une forte étreinte pourrait comme par miracle tout balayer d'un seul trait.

Rien ne peut le remplacer, ni musique, ni mots, et encore moins ce bon vieux silence. En un simple geste, un regard, un sourire, plus rien n'a d'équivalent. Je me sens désolée pour les ascètes, qui dans leur quête de paix, dans leur contrefort, ne pourront jamais goûter aux futilités qui font de nous des Humains.

 

 

 

 

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